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La vie est belle
17 octobre 2012

Cela ne date pas d'aujourd'hui

Voici un extrait d’un livre de Bernard Clavel, Miserere. Il y parle de familles entières qui fuient le Québec pour aller coloniser et défricher des terrains au nord.

Tous les gens qui fuyaient les cités surpeuplées et les fabriques mortes parlaient de cette grande dépression. Ils évoquaient la Bourse de New York, le fameux jeudi noir du 24 octobre 1929. On avait lu dans les journaux le récit de cette journée fatale. On racontait qu’à la Bourse les diamants roulaient par terre sous les semelles des changeurs, les actions étaient vendues au prix du papier, les financiers ruinés en une heure se jetaient du haut des gratte-ciel pour s’écraser sur la chaussée aux pieds des passants indifférents.

C’était de cette journée terrible qu’était venu le mal. L’Allemagne avait fermé ses frontières et refusé de payer ses dettes ; n’ayant plus d’or, l’Angleterre avait soudain décrété que l’or ne valait plus rien. Nul ne respectait rien, ni alliances, ni contrats. C’était la guerre des valeurs et des monnaies entre états. Le peuple payait de misère ces batailles de devises et de lingots. Et, sur cette terre en proie au vertige, partout la peur était venue. Un mal sans médecin ni remède. On l’appelait la crise.
Personne ne comprenait rien à cette agonie du pays. Les uns accusaient l’Administration, les autres s’en prenaient aux industriels, aux financiers et aux hommes politiques.

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