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La vie est belle
23 juillet 2011

Les coquelicots sont de retour

Je viens de terminer la lecture de « Béatrix », un livre de Balzac. J’ai eu beaucoup de mal à le lire. Comme il m’ennuyait et que je n’en lisais que très peu chaque jour, j’arrivais à m’embrouiller dans les personnages et à ne plus rien comprendre. Par exemple, il y a le baron ou le baron du Guénic, ou le chevalier, ou Calixte, ou ce cher ange qui ne sont qu’une seule personne. Il en va de même pour les autres personnages…il faut suivre.

Pour me délasser, j’ai relu, peut-être pour la 3ème fois, Les coquelicots sont de retour, de Michel Ragon, l’auteur de « Les mouchoirs rouges de Cholet ». On y parle de tout ce qui concerne le monde paysan. Le fils du suicidé, les deux frères, l’un berger et l’autre éleveur ainsi que de leur copain, agriculteur. Il y est question de vache folle, de quotas laitiers, de jachères, d’endettement, et surtout de l’administration. Pour vous donner une idée du livre, j’ai recopié la première page.

Le lendemain de la Toussaint, dans une ferme isolée du bocage, où malgré deux étés trop secs et la chute des cours à l’étable, Louis et sa famille s’arrangeaient pour tenir le coup, une lettre de l’administration fit soudain basculer ce monde paisible et résigné. Car cette lettre, sous le prétexte d’un soi-disant indispensable remembrement, démembrait en réalité tout ce que le père de Louis, et son grand-père et ses aïeux qu’il n’avait pas connus, avaient mis des siècles à réaliser : une terre d’un seul tenant autour d’une maison, de son étable et de sa grange.

Louis crut que l’administration commettait une erreur. Aussi exceptionnel que ce soit, cela arrive. Il se rendit à la sous-préfecture. On le reçut mal. il pleuvait beaucoup ce jour-là et ses bottes de caoutchouc salissaient le plancher. On lui sortit des schémas, des croquis de cadastre. Il comprit que ses chemins creux seraient comblés, que ses haies seraient arasées, ses chênes tétards tronçonnés, ses enclos ouverts. Revenu chez lui, il décrocha son fusil.

Sa femme eut beaucoup de mal à le dissuader d’aller canarder le maire du bourg voisin qu’il soupçonnait d’être dans ce mauvais coup. Il remit son fusil dans le râtelier, au-dessus de la cheminée, mais pendant deux mois rumina sa rancœur, échafaudant des plans utopiques pour garder sa terre. Les deux mois écoulés, une nouvelle lettre administrative arriva. Il ne s’agissait plus de remembrement, mais de l’expropriation de son potager et de son verger au profit de l’élargissement du chemin qui passait devant sa ferme.

Sa femme eut beaucoup plus de mal, cette fois-ci, à lui arracher le fusil des mains. Elle le supplia de penser à leur petit qui aurait le malheur, toute sa vie, d’être l’enfant d’un assassin. Il se rendit à ses raisons et, estimant qu’une veuve et un orphelin seraient somme toute plus convenables, se pendit dans la nuit à une poutre de sa grange.

Comme les paysans de la région aimaient bien le Louis et n’aimaient guère l’administration, ils manifestèrent une fois de plus leur désapprobation en allant déverser des tonnes de purin dans la cour de la sous-préfecture C’était leur nouvelle manière de chouanner.

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Commentaires
G
Mimi les 9 dizième de ma famille Maternelle est issue de la terre, ce matin encore j'ai téléphoné à une cousine qui habite dans le berry. Tous sont encore à la tête d'exploitation agricole, et comme tu dis rien ne change à part la taille des machines et les surfaces à exploiter. Et là où il y avait jadis dix fermes côtes à côtes, il n'en rreste plus qu'une aujourd'hui.
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